Peter ZUPNIK
Né à Levoca (Slovaquie), en 1961
Peter ZUPNIK recherche un instantané du quotidien à partir duquel il fait surgir un zeste d’absurdité ou d’humour slave. Et ceci par la pose d’un rehaut de pastel très subtil qui rend chaque tirage unique. Issu de la FAMU, il est considéré par Daniela Mrazkova, comme un des photographes essentiels sorti de cette célèbre école dans les années 80. Ses photographies font l’objet de nombreuses expositions en Europe et aux Etats-Unis.
œuvres
EXPOSITIONS & FOIRES
BIOGRAPHIE
1981-1986 : Etudes à l’Académie FAMU à Prague
EXPOSITIONS DANS LES MUSEES
2017 : Spisské Muzeum, Levoča, Slovaquie
2004 : Château de Prague, « Photographie maximale », Prague, Rép. Tchèque
2003 : Museum Quartier, « Petites grandes choses », Vienne, Autriche
2002 : KunstRAI, Amsterdam, Pays-Bas ;
Galerie Nationale Slovaque, « Photographie slovaque 1925-2000 », Bratislava, Slovaquie
1998 : Musée de l’Elysée, « L’Art de la collection », Lausanne, Suisse ;
Museum of Contemporary Art Denver, USA
1996 : Galerie nationale, Prague, République Tchèque ;
Musée de la photographie, Braunschweig, Allemagne
1990 : Musée de l’Elysée, « L’année de l’Est », Lausanne, Suisse
EXPOSITIONS INDIVIDUELLES
Autriche: Vienne (Centre d’Art)
Belgique : Anvers (Galerie Baudelaire)
France : Chantilly (Centre culturel) ; Fontainebleau ; Issy Les Moulineaux (Espace Icare) ; Le Kremlin-Bicêtre (Théâtre du Kremlin-Bicêtre) ; Paris (Galerie Arcturus, Galerie Bernanos, Galerie Le Pont Neuf, Centre Culturel Tchèque, Maison de l’Europe, Palais de Justice, Vidéothèque de Paris) ;
Pays-Bas: Geldrop (Gallery Gijzenrooi)
Slovaquie: Bratislava (K Gallery, Galéria Cypriana Majerníka) ; Košice (Galéria J. Jakobyho) ; Levoča (Galéria Mesta Levoča, Centre Culturel) ; Trencin (Galéria Milosa Alexandra Bazovského)
République Tchèque : Cheb (Galerie 4) ; Litomysl (Zamecké navrsi) ; Prague (Nikon Photo Gallery, Artinbox Gallery, FAMU, Rockfoto, Galerie Ceské Pojiskovni, Galerie Joseph Sudek, Nostress Gallery, Bibliothèque municipale, Institut français de Prague, Maison pragoise de la photographie)
FOIRES
Allemagne : « Tschechische Fotografie des 20, Jharhunderts », Bonn
Belgique : FOTOFEVER, Bruxelles
Etats-Unis : Fotofest Houston
France : Art Paris (Galerie Arcturus) ; Rencontres internationales de la photographie, Arles ; Biennale internationale de Marseille ; Rencontres photographiques de la Normandie
Pays-Bas : Fotobiennale, Enschede ; KunstRai, Amsterdam
Rép. Tchèque : Mikoulov Symposium, Mikoulov ; « Umeni porodt », Palais Veletrzni, Prague
COLLECTIONS PUBLIQUES
Etats-Unis : Gernsheim Collection, Austin, Texas ; The Forbes Collection, Boston ; Meda Mladkova Collection ; The Museum of Fine Arts, Houston
France : Centre Georges Pompidou, Paris ; Fonds National d’Art Contemporain, Paris ; Maison Européenne de la Photographie, Paris
Slovaquie : Galeria umelcov Spisa, Spisska Nova Ves ; Slovenska Narodna Galeria, Bratislava
Rép. Tchèque : Umeleckoprumyslove Muzeum, Prague ; PPF, Prague ; Moravska galerie, Brno
Suisse : Musée de l’Elysée, Lausanne
BIBLIOGRAPHIE
2010 : Lucia Fi Erova, « Peter ZUPNIK » (monographie), FOTOTORST, Torst, Prague
2003 : Peter Zupnik, « Prague, mémoires nocturnes », catalogue de l’exposition au Centre tchèque de Paris
1993 : V. Macek, « Peter ZUPNIK » (monographie), Martin, Osveta, Slovaquie
1991 : V. Birgus, « Ceska a slovenska fotografie 80 »let in: « Ceska a sloveska fotografie dnes » (La Photographie tchèque et slovaque des années 80, in : La Photographie tchèque et slovaque d’aujourd’hui), Orbis ;
P. Buchler, « Six Czechoslovak Photographers », Creative Camera
1989 :D. Mrazkova, V. Remes, « Peter Zupnik. Cesty ceskoslovenske fotografie » (Évolution de la photographie tchécoslovaque), Prague, Mlada Fronta ;
D. Mrazkova, « 150 let fotografie » (150 Years of Photography), Prague, Videopress
PRESSE
Écrits
PETER ZUPNIK – MERVEILLEUSES PETITES CHOSES
Peter Zupnik est considéré comme le plus poétique des photographes du mouvement ‘New Wave’. Sa manière de travailler est très différente de celle de ses contemporains en cela qu’il évite toute mise en scène, toute situation pré-établie. Il recherche un instantané à partir duquel il pourrait faire surgir un conte fantastique et amusant. Il parvient ainsi à saisir une réalité en désordre qui nous apparaît d’une distrayante clarté.
Son ‘rituel’ créatif est en apparence fort simple: à partir de nombreux clichés, il recherche intuitivement celui qui dégage une sorte d’aura mystérieuse. Il l’agrandit alors et se laisse porter par la fantaisie : chaque photo qu’il touche à l’aide d’un léger pastel devient alors une œuvre originale. A partir du même négatif, il ne fera jamais la même œuvre, la main de l’artiste les rendant chacune différente.
‘Quand je commence à travailler sur une photo, je n’ai jamais d’idées préconçues sur ce qui va se produire. J’ai envie de quelque chose, je le ressens et au bout du compte, ça apparaît… Ainsi, je rassemble des choses qui n’ont apparemment aucun lien entre elles. Je repousse les limites de la logique, limites qui n’existent pas pour moi, et alors la photo prend une dimension nouvelle.
L’oeuvre de Zupnik est difficile à retracer chronologiquement : il passe son temps à piocher dans ses archives et réinterprète ses photos avec des pastels.
‘ Je prends des photos sans aucune continuité de thème ou de logique et c’est seulement après plusieurs années que je découvre des relations entre elles. Apparaissent alors des sujets récurrents dans mon travail : les Natures Mortes que l’on trouve spontanément sur les tables, les fenêtres, les œuvres en plâtre auxquelles j’ajoute ou je retire quelque chose. Aussi, la série des Animaux, chats, oiseaux…allusions à la nature et ses mystères. Plus récemment, je me suis rapproché des choses simples de tous les jours que l’on ne voit même plus. Et c’est la série des ‘Little Big Things’. Peut-être qu’une nouvelle ‘collection’ viendra consacrée uniquement aux détails. J’agrandis les choses apparemment petites ; elles sont juste partie d’une mosaïque tâchant d’atteindre l’éternel.’
Le travail photographique de Zupnik crée un monde imaginaire de contes et de fantaisie plein d’une diversité de formes colorées. La musique et la poésie, autres sources d’inspiration, transpirent également dans de nombreuses œuvres.
‘ Je n’ai jamais envisagé un cycle avec des photos en rapport les unes aux autres : une seule photo est une histoire à elle toute seule, elle n’a pas de suite et met un point final à la narration’.
Par Lucia BENICKA, 2001
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PETER ZUPNIK
En captant la réalité en direct grâce à la technique photographique, Peter Zupnik s’est créé un réservoir d’images dont il puise les visions présentes et futures. Son atelier, ce sont des paysages, des rues de villes, des intérieurs ordinaires et l’architecture. Ses thèmes, ce sont des visages, des animaux, des objets, des plantes, des bâtiments et des fruits. Son procédé, c’est de particulariser la banalité. En fin de compte, sa méthode est d’utiliser toutes les possibilités accumulées au cours du développement esthétique et technique de la photographie : distorsion de la perspective optique en maniant les dimensions, en reliant des objets assortis ainsi que des lieux grâce à des prises de vue. Il choisit donc une position par rapport à son sujet par une abstraction d’image en noir et blanc, par la bi-dimension de la réalité photographique, par un complément de couleurs invraisemblables, par des détails agrandis et ainsi de suite.
Peter Zupnik rappelle constamment le fait que ses découvertes apparaissent comme par hasard. Au début, il confrontait ce qui se ressemblait par la forme bien que n’ayant aucun rapport et ceci en tant que perception d’une certaine unité supérieure de l’universel. Néanmoins, ses objets sont présents ici et maintenant en notre monde.
Plus tard, il s’est mis à enfreindre cette unité de temps et, à l’art du passé, il compare les physionomies actuelles. Au cours d’un voyage pour rejoindre son père, il projette une description réelle du trajet à travers des images-souvenirs. Ailleurs, par un biais de perspective, il cerne l’objet principal dans son entourage pour le présenter comme une chimère monstrueuse et mystérieuse. Il s’agit du même principe de substitution et de ressemblance, d’apparence et d’illusion : l’objet peut être ce qu’il est et devenir l’image qu’il fait naître. La recherche des liens entre la réalité actuelle et les anciennes légendes et mythes fait que les photographies de son monde animal représentent des créatures mythiques. En laissant en flou des arrière-plans ou d’autres parties négligeables de l’image, l’attention est portée sur le point central, en pleine netteté. Ainsi se forme un champ magnétique de tension ente le témoignage sur l’objet même et sa vision poétique. Par de légers déplacements, des divergences imperceptibles du champ de la vision normale et par de légères touches de couleur, les photographies en noir et blanc abandonnent leur véracité et offrent un accès au domaine de l’imaginaire et de l’énigmatique.
Dernièrement, dans ces photos sur Paris, Peter Zupnik relie ce qui ne va pas ensemble mais se trouve en proximité et, de ce fait, peut être connecté grâce à l’optique photographique. Dans l’assemblage hétéroclite du hasard, l’arbre, l’architecture et l’homme s’entremêlent et s’entrelacent comme s’ils avaient poussé les uns à côté des autres. Un infime pas de côté, une légère déviation suffit à passer au travers de la réalité vers le rêve. Il donne sans ambiguïté la priorité au modèle intérieur car s’agit pour lui d’un original de poétisation. Il veut créer une autre réalité et rechercher le secret de l’espace et du temps.
Zupnik est un photographe de paradoxe : il n’est pas le metteur en scène de ses propres visions. Il n’est ni un naïf innocent, ni un intellectuel sophistiqué. Il se présente en tant que personnalité photographique, poète de l’imagination et de l’invention.
Par Anna FAROVA
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PETER ZUPNIK AU PAYS DES SENTIMENTS
On ne peut pas douter du fait que dans notre art photographique existe le phénomène de la Génération 1960 dit la ‘Nouvelle vague slovaque’. Stano, ainsi que Svolik, Stanko, Prekop, Pavlik Sedlak, Varga et quelques autres sont nés autour de 1960. Peter Zupnik appartient également à cette génération où il occupe une place particulière.
Il en est ainsi parce que parmi eux, il fait comme s’il était le ‘moins photographe’, tout en étant le seul à photographier à tout instant. Et puis, il ne fait pas de mise ne scène, il ne se sert pas d’un atelier. Il n’arrange pas des visions, il les crée à partir d’un sujet emprunté à la réalité. Ainsi on y trouve un degré élevé de la fusion de la vie et de la créativité. La photographie n’est certes pas un fait à part, elle représente quelque chose d’indispensable et d’évident comme la respiration. Elle n’est pas un terre d’asile qui permettrait de fuir la réalité du monde, elle est elle-même une réalité du monde. C’est pour cela que les critères moraux importants, qu’on applique aux actes doivent également s’appliquer, et Zupnik, le fait, à la photographie….
Une tangibilité sensorielle des détails et des substances matériels accompagne Zupnik depuis les années 80 jusqu’à présent. Comme s’il gardait sa perception d’enfant, les détails le fascinent ; il n’a pas ce projet de photographier quelque chose de précis, tout au contraire il veut se laisser appeler par de simples objets. Il est rebelle à la rationalité, au caractère fonctionnel des objets, il les admire et les conçoit grâce à ce qu’ils dégagent…. Les formes qui fascinent Zupnik témoignent de sa ‘descente’ dans des sphères de l’existence élémentaire. Elles sont arrondies, adoucies, flexibles, elles s’entremêlent et fusionnent…
Peter Zupnik est un homme de paradoxes et de contradictions. D’un côté il fait renaître des mythes et de l’autre il recherche l’individualité maximale et le subjectivisme. Il photographie beaucoup, pourtant il ne tente pas d’être un reporter photographique dont la fonction originelle est de créer une matrice de dizaine et de centaines de copies, lui, il préfère des originaux inimitables…
Parmi les mots clefs de la poétique et de son style, figurent des termes comme subjectif, surréaliste, transcendant, mythique. Incontestablement, le plus important de tout est que le poétique et l’esthétique ne sont pas à la base de son œuvre. Naturellement, il tient compte de la composition, mesure son choix entre grand et petit format, mais son but n’est pas la beauté de son œuvre. Finalement, pour comprendre l’oeuvre de Zupnik, ceci n’est pas essentiel. Certes, il est nécessaire de prendre en compte toutes ces approches, mais il faut aussi percevoir qu’en arrière-plan de ses œuvres existe l’énergie du désir d’un point fixe sur lequel appuyer notre courte vie…
Par Jana SALKOVA
Extrait du discours inaugural de l’exposition ‘Ambruz – Tichy – Zupnik’, 1990